Nombre d’étudiants : 80 à 120 selon les années
Période d’expérimentation : 2017-2018 / 2018-2019 / 2019-2020 (pendant le confinement)
Le projet AmphiSTAPS s’inscrit dans le cadre du cours de « Politiques Sportives Internationales » destiné aux étudiants en Licence 3 de management du sport. Il consiste à proposer des séances basées sur la technique du jeu de rôles qui transformera l’amphithéâtre en Conseil de l’Europe.
Les objectifs du projet visent à favoriser la motivation et l’engagement des étudiants et à les rendre plus actifs au travers d’une mise en situation à la fois significative et attractive (gamification, role-playing) basé sur une hybridation des enseignements.
La transformation de la logique d’un cours magistral traditionnel à travers la reconstitution des séances du Conseil de l’Europe aidera l’étudiant à se rendre plus actif et à interagir plus régulièrement dans la classe. De cette manière, les contenus des enseignements seront plus significatifs et leur compréhension plus accessible.
Le projet part de la volonté de rendre les étudiants actifs de leurs apprentissages notamment au sein des cours magistraux, cours où les étudiants sont nombreux. A chaque séance correspond à une convention du Conseil de l’Europe traitant d’un thème spécifique (violence, dopage, trucage de match). Pour chaque convention traitée, il y aura un temps préparatoire du débat et la simulation du Conseil de l’Europe (débat) à la séance suivante. Le projet intègre des ressources présentes sur la plateforme numérique Moodle, ainsi que l’utilisation du télévoteur Kahoot pour obtenir un feedback immédiat et permettre aux étudiants de voter pendant les séances.
L’ensemble des étudiants est invité dans la première séance à participer au Comité des Délégués de Ministres du Conseil de l’Europe. Ils vont s’organiser en binômes représentant chacun l’un des 47 pays du Conseil de l’Europe. Pour chaque séance, chaque pays aura un rôle à tenir au choix des étudiants :
- présidence, secrétariat,
- délégués présentant la problématique,
- délégués pour la convention,
- délégués contre la convention,
- délégués participant au débat.
Les premières séances sont consacrées à la préparation du débat. Sur le principe de la classe inversée, les étudiants ont à disposition sur Cursus des documents permettant la préparation des séances du Conseil de l’Europe en montrant le positionnement des différents acteurs impliqués dans la convention. Cette séance permet de comprendre les enjeux de la convention, les acteurs impliqués (pays, institutions), le contexte (sportif, historique, social, politique et économique) ainsi que les actions et mesures proposées.
Les séances suivantes sont consacrées au débat et donc à la simulation proprement dite du Conseil de l’Europe. Les étudiants endossent donc leur rôle à ce moment : les étudiants-délégués sont sollicités par le Président pour prendre la parole afin d’exposer la définition de la problématique politique en question, ainsi que des arguments pour et/ou contre l’approbation de la convention.
Après l’intervention des délégués, la décision d’approbation de la convention est soumise au vote par l’ensemble des pays présents à l’aide d’un outil de vote en ligne. Les dernières séances consistent en une reprise par l’enseignant, qui donne un feedback général et un complément théorique.
Après la première édition du projet, il a été décidé de se recentrer sur uniquement deux conventions au choix des étudiants afin de donner plus de temps pour la préparation des débats.
Avec plus de temps de préparation les étudiants s’approprient mieux les différents documents et qu’ils remplissent les exercices (fiche de lecture, questionnaire etc.) demandés en amont. Cela a eu un effet positif puisque les étudiants ont plus de temps pour approfondir et sont plus engagés et actifs lors des échanges au sein du « Conseil ».
- Un module en ligne de présentations des 5 rôles doublée d’une plaquette papier
- Des vidéos pour les exposés magistraux
- Des quizz de connaissances avec Wooclap
- Des sondages en ligne pour l’approbation de la convention vue en séance
L’objectif du dispositif est d'engager l’enseignante et les étudiants dans la co-construction d’un cours traditionnellement plus centré sur un exposé oral unilatéral de l’enseignant. Le projet a bénéficié de l’appui d’ingénieures pédagogiques du SUP, Lucie MELAYERS et Pauline LORCY, dans une logique de construction collaborative ainsi que d’un accompagnement d’ingénieures de recherche du CREAD, Virginie MESSINA puis Caroline LE BOUCHER, afin de rendre les étudiants plus actifs et engagés au travers d’une mise en situation à la fois significative et attractive (gamification, role-playing) via l’hybridation des enseignements. L’intervention du SUP et du CREAD a permis de créer un véritable espace de partage et d'apprentissage pour l’enseignant notamment par une collaboration en mode projet.
Lors des questionnaires d'évaluation du dispositif et des rencontres avec les étudiants, il a été constaté de nombreux apports : les étudiants répondent mieux aux exigences et attentes de l’évaluation, ils voient autrement le cours et s’approprient mieux les contenus en « jouant » les rôles des délégués, qui doivent présenter la problématique de telle ou telle convention, ou débattre pour ou contre les thèmes les plus épineux de la politique communautaire.
A l’issue des différentes sessions, il a été remarqué un bon engagement des étudiants, notamment pour ceux qui endossent le rôle de secrétaires ou de présidents de séance. Les examens à l’issue des sessions montrent également que les contextes historiques et politiques sont bien intégrés par les étudiants.
L’enseignement s’est amélioré au regard des résultats entre les deux années du projet comme on a pu le voir avec les évaluations des étudiants menées à l’issue du cours. La première année du projet, l'examen était basé sur des questions de contrôle de connaissances, ce qui donnait un retour des étudiants sous forme de dissertation très généraliste et en surface, ou simplement orienté à leur avis (pour ou contre le dopage/violence dans le sport).
Pour la deuxième année, l’examen a évolué vers une modalité de dissertation ou les étudiants ont été capables de montrer l’acquisition de connaissances d’une manière plus approfondie et solide : association de différents aspects du contenu, regard critique, mobilisation de références/sources pertinentes, etc. On peut donc considérer que le dispositif améliore la capacité des étudiants à réfléchir, synthétiser et comprendre différents positionnements dans le contexte des politiques sportives internationales. On a pu constater une amélioration du taux de réussite dans le cours grâce à cette meilleure correspondance entre contenus et modalités d’évaluation.
Différents freins ont pu apparaître. D’abord un risque de désengagement des étudiants ayant un rôle “générique” (délégué lambda) ainsi que le temps nécessaire à la préparation des séances qui est supérieur au temps de préparation d’un cours magistral classique (mais pour un résultat beaucoup plus ludique). Lors de la crise sanitaire, le dispositif a pu être reproduit, même si on perd le côté « mise en scène » ce qui peut nuire à l’engagement. Dans ce contexte, il a fallu basculer rapidement en distanciel (en moins d’une semaine) notamment en organisant des ateliers avec l’outil VIA. Cependant, on a pu constater que les étudiants disposaient de plus de temps pour s’approprier les documents. Le passage au distanciel a aussi permis de valoriser l’expérience de prise de parole, certains étudiants se sentant plus à l’aise que dans un grand amphithéâtre.
Du point de vue de l’enseignante, il y a eu des apprentissages à plusieurs niveaux. Le projet a permis une maîtrise plus fine des outils de cours à distance utilisés pendant le confinement (ex. plateforme Via) et de ceux favorisant le suivi et le feedback aux étudiants (questionnaires en direct, fiches d’étude pour la préparation des séances de débat). Cela lui a permis de s’adapter aux différentes contraintes (nombre irrégulier d’étudiants en cours entre les séances, difficultés techniques, transformation soudaine des cours en mode numérique à cause du Covid). D’un point de vue » plus général, le projet lui a permis de gérer autrement les cours magistraux et de les transformer en augmentant l’interaction et la participation des étudiants. Les retours des étudiants ont également été fructueux dans une optique d’auto-évaluation des enseignements.
Pour les étudiants, plus actifs que lors d’un cours magistral « classique », on peut remarquer un développement des capacités de synthèse et d’écoute, notamment parce qu’ils ont pu « changer de rôle » au cours des différentes séances. Cela leur a également permis de travailler leur aisance à l’oral ainsi qu’une meilleure compréhension des processus de prise de décision dans les instances politiques. La méthode de classe inversée a donné aux étudiants la possibilité d’approfondir et de s’imprégner de manière plus consciente et ludique des contenus proposés.
Compte tenu du fait que la matière du cours est très changeante (politiques internationales), il peut y avoir une difficulté à capitaliser la totalité des outils développés (comme par exemple les vidéos). Cependant, l’organisation du cours et la méthode peuvent être pérennisées notamment en ce qui concerne :
- le format de cours sous forme de jeu de rôle (étudiants par binômes-pays, conventions)
- la structure de séances (classe inversée)
- les différents outils ( fiches de travail préalable pour la préparation des conventions et de débats, structure du cours sur Cursus etc.).
Participation aux journées d’études AIPU France 2020 - Thématique passeurs de savoir
Acceptation d’une communication dans le cadre du symposium proposé par le LivingLab pour l’AIPU 2020 (annulé pour cause de COVID)