Nombre d’étudiants : 400
Période d’expérimentation : Janvier 2019 à mai 2020
Le projet s’inscrit également directement dans la Loi ORE préconisant la mise en place d’un dispositif d’accompagnement spécifique pour des étudiants entrants en 1ère année de licence, composé de modules de renforcement. Ici il s’agissait de participer à l’alimentation de modules autour de ce qui est qualifié « être étudiant.e » (disciplinaires, de langue française et méthodologiques).
L’objectif du projet proposé était de solliciter les étudiants dans des cours de production audiovisuelle pour qu’ils réalisent des supports expliquant le « métier » d’étudiants. Il s’agissait donc d’engager les étudiants à réaliser des supports à destination de ceux qui seront à leur place les années suivantes en leur faisant profiter de leur expérience. Le fond du projet repose sur l’idée selon laquelle il peut y avoir un décalage entre ce que les enseignant.e.s-chercheur.e.s peuvent percevoir de ce qu’ « être étudiant.e » aujourd’hui et ce que les concerné.e.s traversent. Ainsi, il semblait intéressant de compléter des éléments plus traditionnels par ceux produits directement par les étudiants et ceux en s’appuyant sur les codes de communication audiovisuelles auxquels ils et elles sont rompu.e.s. Nous avions d’ailleurs débuté ce projet par une séance de travail avec les étudiant.e.s qui suivaient les cours des blocs de renforcement eux-mêmes.
Le cours de L1 visait à faire monter en compétences techniques les étudiant.e.s autour d’outils et dispositifs multimédias. Chaque séance était dédiée à un type d’outils particulier : traitement de l’image, du son, montage vidéo, etc., et débutée par un propos théorique sur la nature des médias, puis s’enchaînait par une démonstration. A l’origine du montage de ce cours, vu la taille des promotions (800 étudiants, 20 groupes de TD), les étudiants pouvaient peu pratiquer.
Nous avons pu profiter d’une diminution d’effectif et ainsi envisager d’autres modalités. Le cours s’est transformé sur un mode gestion de projet avec au début un cours magistral expliquant le fonctionnement du module et quelques points de technique pour ensuite se décliner en ateliers et en suivi de projet avec les intervenants réalisateurs impliqués. D’un point de vue pédagogique, les étudiant.e.s commencent par travailler sur une note d’intention avec les réalisateurs puis, dans un second temps, passent à la production et la réalisation, avec à chaque fois une alternance entre des cours sur les différentes techniques (montage, écriture), puis des séances de suivi de projet (technique et d’écriture). Les étudiants travaillent en petits groupes projet de 4 à 6 personnes.
Lors de la 1ère expérimentation qui a eu lieu entre janvier et avril 2019, les étudiant.e.s devaient réaliser des vidéos sur le thème « être étudiant ». Beaucoup de vidéos portant sur la thématique « être étudiant » ne concernent pas que les études universitaires et traitent de vie hors les murs de l’université (faire ses courses, se faire à manger). Finalement, cela nous pousse à penser que les étudiant.e.s rencontrent, dans leurs études, un grands nombres de difficultés en ce qui rapport avec les conditions qui leur permettent d’étudier, peut-être plus que dans les travail universitaire à proprement parler.
La seconde session (début 2020) a été modifiée compte tenu de la crise sanitaire. Les projets des étudiant.e.s avait été rédigés durant les mois de janvier et février, cependant le confinement de Mars a empêché la bonne tenue des tournages et les étudiant.e.s se sont retrouvé.e.s atomisé.e.s sur le territoire. Afin de pouvoir tout de même maintenir une évaluation, nous avons dû proposer aux etudiant.e.s de soit maintenir la production prévue lorsque cela était possible (ce qui dans l’ensemble ne l’a pas été), soit de réaliser un court-métrage sur l’expérience du confinement, afin de développer une réflexivité sur leur vécu.
En 2018/2019, 12 projets d’étudiants - impliquant 32 étudiants - ont été retenus sur le cours de L1 car les thématiques de leurs projets multimédias correspondaient aux objectifs du projet et aux thématiques développées dans le bloc de renforcement et d’auto-formation en ligne « Être étudiant ».
Parmi les 12 vidéos présélectionnées, 6 ont été insérées dans le dispositif « Être étudiant » mis en ligne à la rentrée universitaire 2019/2020 (cf. tableau ci-après).
Titre de la ressource | Type de ressource | Thématiques développées dans le multimédia | Positionnement de la ressource dans le dispositif « Être étudiant » |
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A journey à la fac | vidéo | arriver à l’université, se repérer sur le campus, suivre son emploi du temps | introduction au bloc de formation |
Le premier pas | vidéo | se socialiser, vaincre sa timidité, aller vers l’autre | module « Je crée ma place à l’université » |
Day after day | vidéo | se socialiser, s’épanouir en tant qu’étudiant au sein de l’université | introduction au bloc de formation |
Documentaire étudiant | mini documentaire | associations étudiantes, ressources sur le campus, banque alimentaire, entraide étudiante | module « Je démarre ma vie d’étudiant » |
Équilibre | vidéo | gérer son temps entre cours, révisions et temps conviviaux | module « J’organise ma vie universitaire » |
Être étudiant | Interview, partage d’expérience | témoignage étudiant sur le choix de sa formation, son vécu et ses objectifs pro futurs |
La non exploitation de 6 vidéos dans le bloc « Être étudiant » est justifiée par deux raisons : certaines n'entrent pas dans les thématiques développées dans les modules du dispositif de formation, d’autres ne peuvent pas être diffusées par les étudiants qui n'ont pas signé l'accord d'utilisation de leur production multimédia.
Ce sont les ingénieures pédagogiques du SUIO-IP qui ont monté le projet avec le porteur. Plus qu’un accompagnement, elles ont été d’emblée parties prenantes du dispositif, tant dans son élaboration que son suivi. Dès le début, les trois ingénieures pédagogiques ont façonné le projet en venant notamment sonder les étudiants pour déterminer les thématiques des vidéos et les catégoriser. Elles ont ensuite été très présentes dans le suivi du projet.
Le projet a également impliqué de manière significative le directeur d’étude qui gérait le bloc « Oui, si », ainsi que différents intervenants (doctorant, professionnels externes -réalisateurs, monteurs- ainsi qu’un technicien du CREA).
Compte tenu des pratiques pédagogiques de l’enseignant habitué à travailler en mode projet et avec l’intervention de multiples intervenants, il n’y a pas eu de modification significative de son activité.
La complexité de ce type d’enseignement repose notamment sur cette logique de multi-intervenants qui nécessite un agenda millimétré, incompatible avec une gestion purement « scolaire » qui présuppose un emploi du temps homogène ou une séance annulée peut facilement être décalée sur un autre créneau. Les intervenants étant des professionnels, toute séance annulée est difficilement reportable. De fait, le fonctionnement pédagogique par projet avec des cohortes assez importantes supporte relativement mal les perturbations d’agenda.
Le projet a été bien suivi par les étudiants, surtout après un 1er semestre plutôt théorique (code de l’écriture, technique). L’engagement des étudiant.e.s vient surtout de la dynamique de groupe : les mettre en groupe avec prime collective (note finale) force d’une certaine manière l’implication. La période covid a été plus complexe puisque les étudiants ne pouvaient pas travailler ensemble.
Le projet est intégré à l’offre de formation mais cela oblige à mixer les heures de cours magistraux et les heures de TD. Un des freins principaux tient du fait que les cours en mode projet demandent un volume en heures de cours assez important. Certes on attend une autonomisation plus importante dans l’acquisition de compétences, mais en contrepartie, cela suppose d’augmenter significativement les heures de suivi. Les moyens financiers du projet DUNE-DESIR ont permis de financer ces heures.
Un des leviers est le rôle des ingénieures pédagogiques en tant que parties prenantes du projet : au-delà de leur rôle de conseillères, elles occupent aussi un rôle moteur et de soutien à la réflexion et à la mise en œuvre. Les enseignants n’étant pas des « techniciens de la pédagogie », le rôle des IP est capital dans la mise en œuvre intellectuelle et matérielle du projet, ainsi que dans son suivi (car c’est souvent ce qu’il manque : il ne s’agit pas seulement d’expliquer aux enseignant.e.s-chercheur.e.s pour qu’elles et ils se débrouillent ensuite, mais bien de continuer de s’associer tout au long du projet).
Les ateliers pour échanger avec d’autres enseignants, comme « Les midis de la pédagogie » autour des différentes thématiques (développement d’un jeu, appropriation de codes...) permettent également d’ouvrir la réflexion via ce partage d’idées et d’expériences. L’organisation, par les ingénieurs pédagogiques, de ces partages entre enseignants sont capitaux.