Nombre d’étudiants : 250 / an
Période d’expérimentation : depuis septembre 2018
Le projet est né pour répondre à une obligation réglementaire instituée par le décret N° 2018-472 du 12 juin qui prévoit dès la rentrée universitaire 2018-2019 un service sanitaire obligatoire pour tous les étudiants en santé. L’objectif de ce décret est de former les étudiants aux enjeux de la prévention et de la promotion de la santé ainsi que d’effectuer des actions de prévention et de promotion de la santé dans un objectif de réduction des inégalités sociales et territoriales de santé sur des thématiques données (alimentation, sexualité etc.). En outre, ces actions doivent permettre aux étudiants de développer des compétences en termes de posture éducative et de conception d’actions de sensibilisation adaptées aux différents publics.
Ce décret concerne les étudiants de 3ème année de médecine. Cela représente une cohorte de 250 étudiants et un dispositif de 210 heures de formation, comportant le temps d’actions auprès des publics ciblés. Les éléments décrits par ce décret, publié en juin 2018, devaient être mis en place pour la rentrée de septembre 2018
L’objectif du projet dans le cadre de DUNE-DESIR était d’avoir un regard extérieur afin de soutenir, structurer et évaluer la transformation pédagogique qu’implique le Service Sanitaire, notamment sur la démarche projet (formation, suivi), les nouvelles technologies (e-portfolio, vidéos) ainsi que la place des étudiants et la valorisation du dispositif (évaluation, publication).
Les objectifs ambitieux en termes d’interprofessionnalité et de e-portfolio n’ont, pour le moment, pas pu être atteints. Pour l’interprofesionnalité, envisager 210h de ponts entre différentes filières est trop compliqué compte tenu du cadre des curriculums de chacun. Une version alternative est testée, avec un seul groupe depuis cette année 2020-2021 qui sera développée à plus large échelle à la rentrée prochaine. Le e-portfolio n’a pas non plus, à ce jour, été réalisé. Il devait organiser la continuité d’une année universitaire sur l’autre au sein des établissements. L’idée était que les étudiants qui arrivent dans l’établissement ne partent pas d’une copie blanche mais aient accès aux actions qui ont été menées et au projet global d’établissement.
Le service sanitaire consiste en des actions de prévention, principalement en milieu scolaire mais aussi d’autres structures : EHPAD, associations communales, entreprises… Les étudiants de médecine sont les intervenants de ces actions, tout comme les autres étudiants de santé (infirmiers, dentistes, pharmaciens, sage-femme, etc…). Les thématiques de ces actions sont très variées (addiction, alimentation, usage des écrans, sexualité etc.).
Le service sanitaire a été mis en oeuvre par un comité de pilotage au sein de la faculté qui regroupe enseignants, étudiants, experts dans le domaine de l’éducation et la promotion de la santé, afin de de recueillir leurs avis pour développer la maquette, et le parcours pédagogique.
La formation des étudiants comprend notamment la mise en place de TP, de forums, ou encore la mise en place d’un système de tutorat par les pairs où les étudiants de 7ème année encadrent ceux de 3ème année.
La maquette a été conçue pour la 1ère mise en oeuvre à la rentrée 2018, elle est adaptée tous les ans avec différents acteurs impliqués (établissements d’accueil, formateurs de l’université, étudiants etc.). Cela permet également de s’adapter au cadre réglementaire mouvant qui, dans le cadre des politiques de santé publique, amène de nouvelles thématiques (par exemple des actions de prévention en lien avec le Covid ou encore les liens entre environnement et santé) par la mise en place de TD ad hoc.
Le service sanitaire consiste en une construction d’action pour un groupe d’étudiants (3 étudiants par établissement) via une logique de TD avec une supervision directe et indirecte. Il peut y avoir un recours à des ressources numériques de type MOOC ou e-learning comme ceux proposés par Santé Publique France qui a plateforme numérique dédiée au service sanitaire. Ces contenus sont déjà validés et peuvent donc être mis à disposition des étudiants.
Au sein de chaque établissement qui accueillera les étudiants, il y a un référent qui les accompagne et contribue également à la construction du projet afin de bien adapter l’action et les thématiques au public visé. Par année scolaire, ce sont environ 10000 personnes qui sont sensibilisés via ce service sanitaire à travers différents établissements d’accueil.
L’accompagnement du dispositif dans le cadre de DUNE-DESIR a consisté à accompagner le dispositif pédagogique permettant de former les étudiants à ces actions de sensibilisation
Cet accompagnement a permis un accès à des ressources techniques notamment pour réaliser le clip destiné à promouvoir le Service Sanitaire auprès des partenaires. Ce support vidéo répond à une problématique de recrutement des lieux d’exercices des actions de prévention. Le SUPTICE a donc fourni un accompagnement via une équipe de tournage qui, la 1ère année de mise en oeuvre, a pu suivre les étudiants dans l’élaboration et la mise en oeuvre du projet. Ce clip sur le site de l’université, aide à recruter les établissements où seront dispensées les actions de prévention. Plus de 100 établissements scolaires sont mobilisés pour ces actions.
Il existe également une version longue du film, plus détaillé (20 minutes), adressée aux étudiants qui leur permet, avant le 1er cours et sur le modèle de la classe inversée, de prendre connaissance « des grands champs » abordés dans les différents modules.
Vidéo de présentation sur : https://medecine.univ-rennes1.fr/service-sanitaire
Le porteur de projet est le pilote institutionnel et coordinateur du dispositif. D’autres enseignants de médecine interviennent en fonctions des compétences requises et des thématiques abordées. 20 et 30 personnes de l’université dispensent des enseignements qui contribuent au service sanitaire.
Les internes de médecine sont également sollicités afin d’être formés en tutorat pour qu’ils puissent mettre en oeuvre cette posture tutorale auprès des étudiants de 3ème année qui iront dans les différents établissements. Des associations sont également impliquées (Ligue contre le Cancer, ANPAA, AIDES, MGEN etc.)
Les interventions se déroulent majoritairement dans des établissements scolaires. Les lieux sont impliqués puisque chaque établissement a un référent local pour le service sanitaire. Le référent accompagne les étudiants sur le terrain (entre octobre et décembre), et il contribue à la co-construction du projet. Les établissements concernés représentent tout le spectre de l’éducation, c’est-à-dire des écoles maternelles au lycée en passant par les CFA, l’enseignement spécialisé, les réseaux d’éducation prioritaire ou encore les lycées agricoles. Cela concerne autant les établissements du public que du privé.
En tant que projet national, le service sanitaire a également un pilotage de la part du Rectorat et de l’ARS Bretagne. L’IREPS de Bretagne est impliqué auprès des instances et des instituts de formations de santé.
L’accompagnement du SUPTICE a permis i) le suivi des étudiants pour le tournage de la vidéo, l’écriture du scénario ainsi que le montage du clip ii) l’aide à l’évaluation du dispositif pédagogique à chaque étape constitutive de sa mise en oeuvre la première année.
Le service sanitaire répond à une injonction nationale, mais sa mise en oeuvre a été un levier important pour des transformations pédagogiques intégrant mieux les questions de prévention dans le cursus. Ce cadre d’autorité a permis d’instiller la prévention et la promotion de la santé dans les études de santé. L’université de médecine étant traditionnellement centrée sur l’hospitalier et le curatif, il a permis un changement de culture qui prend mieux en compte la prévention et fait du service sanitaire un projet phare de la 3ème année de médecine.
Les étudiants acquièrent des compétences de communication (prendre la parole face à une classe d’élèves, animer des séquences de promotion santé) là où le cursus classique de santé limitait ces compétences à interroger un malade en face à face dans une démarche de recueil de signes cliniques. Ils acquièrent également des compétences relatives à la méthodologie de projet (construire démarche de projet, analyser des besoins, fixer des objectifs etc.).
Ce projet de service sanitaire permet donc une bascule précoce entre le cursus classique où les étudiants engrangent des connaissances et une démarche projet qui leur permet de développer des compétences.
En termes de levier, le projet a bénéficié d’un véritable soutien institutionnel ce qui a permis de ne pas suivre une injonction réglementaire a minima mais de se saisir de cette opportunité pour insuffler l’esprit de la réforme au sein du cursus en mobilisant les enseignants, dégager des créneaux horaires et montrer que le projet a du sens en termes de santé publique.
Les pilotages du rectorat, de l’ARS Bretagne ainsi que l’implication des associations qui avaient déjà ces missions ont permis une conjonction d’énergies et de volonté et donc l’aboutissement du projet. Le retour des étudiants a également été un levier : ce qui a pu être vécu comme subi à la rentrée de 2018 a reçu une évaluation positive de la part des étudiants en fin d’année.
L’évaluation auprès des étudiants s’est faite via l’outil Klaxoon. Les principaux points de satisfaction concernent le rôle des forums et du tutorat ainsi que leur satisfaction à construire et mener des actions dans les établissements.
Les référents locaux ainsi que les enseignants évaluent également le dispositif et les étudiants. Ces évaluations sont positives et ont fait l’objet d’une restitution à l’ARS.
En termes de freins, on peut noter le manque de temps du pilote du projet ainsi que de mener le projet à moyens constants, ce qui implique une gestion administrative sur fond propre avec une logistique importante en termes administratifs (convention de partenariats, recrutements etc.).
Un autre frein a été l’impossibilité de trouver un noeud commun entre différentes filières de santé permettant de mieux travailler en interprofessionnalité, chaque formation étant restée sur les « rails » de sa filière avec son propre emploi du temps (certains font le service sanitaire sur une période donnée, d’autres sur 2 ans etc.). Des expérimentations ont été menées avec certains IFSI et l’école de sage-femme, mais l’essor d’une large inter-professionnalité nécessitera du temps et de l’énergie.
Y-a-t-il eu des communications ?
1 publication sur le tutorat et vécus du tutorat du point de vue du tuteur (Revue Exercer)
1 publication présentant le dispositif pédagogique global et les réflexions sur son évolution (Revue Santé Publique)
2 communications orales en congrès nationaux (Santé Publique France 2021, Congrès du CNGE 2021) sur l’impact du service sanitaire sur les propres comportements de santé des étudiants en médecine (⅓ déclarant que c’est le service sanitaire qui fait bouger les lignes).
Prolongements
Le projet est complètement intégré à la maquette. Il reste à développer le volet recherche en santé afin de mesurer l’impact sur le public concerné de ces actions de prévention.